[La nueva Bussola quotidiana] Les évêques américains sont « refroidis » par le nouveau cardinal pro-Lgbt.

La décision du pape François de faire de l’évêque Robert McElroy un cardinal continue de susciter le débat outre-Atlantique. La Conférence épiscopale américaine rejette froidement la décision de François, qui est au contraire saluée par le père James Martin, qui qualifie le nouveau cardinal d' »ami de la communauté LGBTQ ».

The new cardinal McElroy

La décision du pape François de faire de Robert McElroy un cardinal continue de faire débat outre-Atlantique. Pour un Père James Martin qui se réjouit de la nomination de McElroy, l’homme qu’il définit comme « un ami de la communauté LGBTQ » et qui a également été « l’un des premiers soutiens de Building a Bridge », il y a tout un monde catholique américain qui a grandi avec les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI qui fait la sourde oreille à cette nomination.

La réaction de la Conférence épiscopale elle-même, dirigée par l’archevêque de Los Angeles José H. Gomez – qui se voit à nouveau refuser le cardinalat attribué à un évêque d’un diocèse suffragant au sien – est plutôt tiède, pour ne pas dire plus. Un communiqué de quelques lignes laconiques dans lequel il se limite à dire qu’avec cette nomination « le pape François a montré sa sollicitude pastorale pour l’Église des États-Unis ». Les gagnants et les perdants s’accordent à dire qu’avec cette nomination, Bergoglio a voulu donner un message sans équivoque. Il n’a pas échappé à la plupart des gens que McElroy critique les évêques qui insistent pour refuser l’Eucharistie aux politiciens pro-choix.

La nomination au poste de cardinal intervient à un moment où la question, 18 ans après l’affaire John Kerry et la note du cardinal Joseph Ratzinger de l’époque sur le fait d’être digne de recevoir la sainte communion, est d’une grande actualité en raison de la présence d’un président catholique qui se bat avec la Cour suprême pour défendre le droit à l’avortement. Les jours mêmes où l’archevêque de San Francisco, Salvatore Cordileone, interdit à Nancy Pelosi de recevoir l’Eucharistie, c’est au contraire l’évêque de San Diego, habitué à qualifier ces initiatives de « manipulation politique », qui est récompensé par la nomination.

Cette décision a enthousiasmé les cercles du catholicisme libéral au point de lancer un défi dans les pages de leur principal organe, le National Catholic Reporter : faire en sorte que le président démocrate de la Chambre des représentants conduise la délégation officielle américaine au consistoire du 27 août.

Les nominations cardinalices de François aux Etats-Unis, qui vont toutes dans une direction précise, confirment le manque de feeling entre le pontificat actuel et la majorité de l’épiscopat étoilé. Une distance rendue manifeste par les paroles retentissantes prononcées par le pape il y a trois ans dans l’avion qui le menait à sa visite apostolique au Mozambique (« Les Américains m’attaquent ? Pour moi c’est un honneur ! »). Une analyse de cet amour qui n’a jamais fleuri a été tentée par le Père Antonio Spadaro dans son « Le nouveau monde de François », écrivant que le « catholicisme américain façonné par les guerres culturelles » jugerait ce pontificat « dangereusement proche ou pas assez combatif contre le libéralisme séculariste incarné par le Parti démocrate » et donc « comme une répudiation du paradigme intellectuel et moral (…) identifié en termes définitifs par Jean-Paul II et Benoît XVI ».

Il est intéressant de noter comment le jésuite sicilien, réputé très proche du Saint-Père, ne voit une différence que de forme et non de fond entre l’approche des organisations laïques/médiatiques/think tanks et celle de l’épiscopat. Ce dernier, en effet, selon Spadaro, a à l’égard du pontificat actuel des « attitudes institutionnelles d’apparente neutralité » qui cachent en réalité une pleine adhésion à la ligne plus ouvertement critique des autres.

D’où, peut-être, la tentative de tourner la page du passé récent, en imposant – via les cardinaux – un modèle bien défini de leadership épiscopal, très éloigné de celui qui est encore majoritaire. Mais pour imprimer à l’Église américaine un changement bienvenu, il faut redessiner l’épiscopat. Pas une tâche facile si l’on ne joue pas à domicile, comme l’a montré le résultat de l’élection de la direction de la Conférence épiscopale en 2019.

Entre-temps, la semaine dernière, Mgr Robert Barron, jusqu’alors auxiliaire de Los Angeles, a été nommé à la tête du diocèse de Winona-Rochester. Barron est une véritable célébrité outre-Atlantique, étant le fondateur et le visage principal de Word on Fire, une organisation à but non lucratif qui offre un apostolat à des centaines de milliers de personnes via le web. D’aucuns estiment que cette nomination doit être interprétée comme un promoveatur ut amoveatur pour inciter le prélat à relâcher ses liens avec son empire médiatique.

L’évêque Barron a également été récemment au centre d’enquêtes journalistiques sur l’inconduite sexuelle présumée d’un ancien employé de Word on Fire et sur son traitement du personnel. Il est intéressant de noter que les attaques sont venues principalement des médias catholiques plus libéraux (principalement NCR) qui historiquement ne l’aiment pas pour son adhésion à la ligne de l’herméneutique de la réforme et du renouveau dans la continuité de Vatican II déjà chère à Benoît XVI.

Mais le fondateur de Word on Fire est également critiqué par les traditionalistes pour avoir fait l’éloge de James Martin et commenté favorablement l’un de ses livres. Certains, en simplifiant, le qualifient de centriste. De tels profils pourraient constituer la nouvelle génération d’évêques américains : la part minoritaire des progressistes dans l’épiscopat ne permet pas d’envisager la promotion de nombreux nouveaux McElroys.

2022, en tout cas, sera une année décisive pour comprendre quelle direction prendra l’Église américaine : en novembre, en effet, le mandat de Monseigneur Gomez expire. Il y a trois ans, les prélats avaient préparé une succession sous le signe de la continuité, en élisant le conservateur Allen H. Vigneron, archevêque de Détroit, comme vice-président – et donc, selon la coutume, comme successeur in pectore. Nous verrons si cela se passera effectivement ainsi ou s’il y aura des rebondissements dans l’intrigue.