02 julliet, 2022
Pas d’Église sans Rome, nous le tenons sans faille.
Alors nous gémissons, quand la foi y défaille.
Jean-Marie Guénois, journaliste français au Figaro, a récemment écrit un article dans lequel il trace un tableau convaincant, hélas, de la manière dont le Pape François ne change rien à sa trajectoire. En voici un résumé.
Rome est dans la tourmente. Il y règne un climat de haute tension qui contraste avec l’image de bonhomie papale véhiculée dans le monde. La Curie Romaine, autrefois redoutée, est régulièrement court-circuitée par François. En 2013, ce dernier a lancé une vaste réforme de la Curie qui entrera en vigueur cette année à la Pentecôte, avec la nouvelle Constitution Apostolique Prædicate Evangelium.
Le changement le plus important consiste à placer sur le même plan tous les dicastères de la Curie Romaine. Ce qui signifie l’abolition des hiérarchies au sein des « ministères » du Vatican. Tous sont considérés comme égaux. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui était le dicastère suprême en dignité et en importance, se trouve reléguée derrière le dicastère de l’Évangélisation et juste avant un nouveau ministère de la charité et des actions humanitaires. Tel est le nouvel esprit voulu par le pape : avant de parler de doctrine, l’Église doit être « pastorale », à la manière d’un berger qui prend soin de son troupeau, et non comme un professeur de vertu qui corrige ses élèves.
Autre point-clé, imposé par le pape : le fait qu’un laïc, homme ou femme, puisse désormais diriger un ministère du Vatican. Cette charge était jusque-là réservée à des évêques et des cardinaux, pour des raisons théologiques fondamentales, touchant à la constitution même de l’Église catholique. La Constitution Apostolique promeut également la décentralisation. Le Vatican reste le Vatican, mais il se place au service des conférences épiscopales, structures nationales de l’Église dans le monde. Il ne les coiffe plus. Hormis les questions « de doctrine, de discipline ou de communion de l’Église », les conférences épiscopales pourront décider de questions locales sans en référer à Rome.
Le pape résume sa réforme en un mot : « l’esprit synodal ». On parle d’un esprit « démocratique » et « collectif » inspiré du gouvernement des « églises » orthodoxes et protestantes. François veut insuffler cet esprit à tous les niveaux de l’Église catholique. À cette fin, un Synode spécial sur la « synodalité » a été lancé dans toute l’Église catholique ; il se déroulera en 2022 dans tous les diocèses. François a nommé l’archevêque du Luxembourg, Mgr Jean-Claude Hollerich, au poste-clé de rapporteur du prochain Synode romain sur la « synodalité ». Mgr Hollerich, jésuite, s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur d’une évolution du discours de l’Église sur l’homosexualité déclarant que « les positions de l’Église sur le caractère peccamineux des relations homosexuelles sont erronées ».
Le pape a confié à des jésuites slovaques qu’il rencontrait à Bratislava qu’il souffrait de voir s’installer dans l’Église« l’idéologie du retour en arrière ». C’est le combat contre cette « idéologie du retour en arrière » qui a aussi motivé sa décision de donner un coup d’arrêt réglementaire au développement des paroisses qui pratiquent le rite tridentin. « Je continuerai dans cette voie », a-t-il confié à ces jésuites, fulminant contre les jeunes prêtres qui, « aussitôt ordonnés » demandent l’autorisation à l’évêque « de célébrer en latin ». Il faut les faire « revenir sur terre » a-t-il ajouté.
Les listes de « papabili » commencent à circuler à Rome. Il ne s’agit que de spéculations. Elles n’ont jamais contribué à élire un pape. En revanche, une chose est certaine. Avec la prochaine fournée de Cardinaux que nommera François, ce pape aura choisi les deux tiers des Cardinaux du prochain Conclave. Soit, la majorité nécessaire pour élire un successeur. François contrôle tout, au détail près.
Kyrie eleison