[La nueva bussola quotidiana] L’Académie pontificale de la vie ouvre la voie à l’euthanasie

Vie et bioéthique
14-07-2022

Le Texte fondamental de l’Académie pontificale de la vie (APV) signé par Mgr Paglia bute aussi sur le sujet de l’euthanasie. D’abord en donnant la primauté à la subjectivité du patient, mais sans dire que toutes les décisions du patient ne sont pas moralement valables. Ensuite en acceptant les directives anticipées de soins et enfin en prévoyant la possibilité d’interrompre l’hydratation et la nutrition cliniquement assistées. Autant d’arguments déjà vus dans les combats des partisans de l’euthanasie.

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Revenons au Texte de base du séminaire d’étude qui s’est tenu à Rome du 30 octobre au 1er novembre 2021, promu par l’Académie Pontificale pour la Vie. Ce Texte de base a été recueilli dans le volume Éthique théologique de la vie. Écriture, Tradition, Défis pratiques, publié par Libreria Editrice Vaticana. Le Texte de base traite également de la fin de vie. Certains passages sont acceptables, bien que le style soit souvent délibérément imprécis et vague, d’autres très problématiques. PAV ne trébuche pas seulement sur la contraception, comme nous l’avons vu l’autre jour, mais tombe aussi sur l’euthanasie.

Parmi les passages critiques, nous soulignons le suivant, concernant le consentement à un traitement, même à un traitement salvateur : « En fin de compte, le choix appartient au patient, car il reste toujours le sujet du traitement et est donc irréductible en tant qu’objet de la décision d’autrui » (p. 405). Un autre passage parle de « l’évaluation faite par la personne malade, sans laquelle aucun jugement de proportionnalité ne peut être porté : celle-ci a le mot décisif sur ce qui concerne sa propre santé et les interventions médicales sur son corps. Si tel n’est pas le cas, elle n’est plus reconnue comme sujet de traitement, mais réduite à un objet à disposition. […] Ainsi le traitement, même s’il est cliniquement approprié, peut être disproportionné si la personne malade ne le considère pas comme soutenable dans les circonstances dans lesquelles elle se trouve » (p. 410). Dans de tels cas, on a le devoir de ne pas commencer ou arrêter un tel traitement, indique le Texte fondamental.

Les arguments exprimés précédemment ne sont pas acceptables. La déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi intitulée Iura et bona, concernant l’euthanasie, exprime ce qui suit sur la jonction conceptuelle expliquée ci-dessus : « La prise de décision incombera en définitive à la conscience du malade ou des personnes qualifiées pour parler en son nom, voire des médecins, à la lumière des obligations morales et des différents aspects du cas. Chacun a le devoir de se soigner et d’être soigné' »(IV).

Quelle est la différence entre le Texte de base et Iura et bona ? Les deux documents font référence au patient en tant que décideur ultime (s’il est mature et capable de comprendre), mais pour le Texte de base, tout choix fait par ce dernier est acceptable, voire doit être accepté, tandis que pour Iura et bona, seul le choix conforme « aux obligations morales », c’est-à-dire conforme à la morale naturelle, est acceptable. Parmi les premières obligations, nous trouvons le devoir de se soigner.

Ainsi, toutes les décisions du patient ne sont pas moralement valables, simplement parce qu’il s’agit de choix autonomes, mais seulement celles qui sont conformes à la raison, l’unité de mesure de la moralité naturelle. Si, par exemple, un patient peut se sauver en refusant une certaine thérapie, qui ne constitue pas un traitement agressif, il est moralement illégal qu’il la refuse. Un tel refus serait contraire à sa dignité et conduirait donc – c’est vrai – à la réification de la personne, à la réduction à un objet de la personne dénoncée par le même Texte fondamental. D’un point de vue moral, rien n’empêche d’obliger la personne à se soigner. De même qu’il peut être licite et souvent juste de forcer une personne qui tente de se suicider, de même il peut être licite et souvent juste de forcer la personne à se soigner si, en refusant de se soigner, elle a l’intention de mourir.

Cette affirmation exprimée de manière aussi inconditionnelle est à rejeter dans son intégralité : « Ainsi le traitement, même s’il est cliniquement approprié, peut être disproportionné si la personne malade ne le considère pas comme soutenable dans sa situation ». Telle est la position des partisans de l’euthanasie qui identifient la volonté du patient comme le critère exclusif, rejetant tout paradigme moral objectif. Il existe non seulement des paramètres subjectifs pour comprendre si une thérapie est proportionnée ou non – perception de la douleur, charge économique, etc. – mais aussi et surtout des paramètres objectifs. Si en amputant un pied gangrené je peux sauver la vie d’un patient, cette chirurgie est certainement proportionnée, nonobstant d’autres circonstances que nous ne mentionnerons pas ici par souci de brièveté. L’opération reste une opération proportionnée même si le patient la refuse.

La perspective du Texte de base, en revanche, privilégie exclusivement le niveau subjectif, le jugement du patient – qui est un critère important, mais pas le seul critère à prendre en compte – au détriment du niveau objectif, c’est-à-dire des données de la littérature scientifique, de la conscience et de l’expérience du médecin. Alors que dans les pages précédentes, le Texte fondamental critiquait une approche reposant exclusivement sur l’autodétermination du patient, ce même texte tombe dans l’erreur dénoncée précédemment.

Le Texte de base affirme ensuite que le choix de refuser certains traitements parce qu’ils sont disproportionnés peut également être inclus dans les Directives anticipées de soins de santé (DAT pour la loi italienne). Ce jugement est également très critiquable. En effet, l’application du principe de proportionnalité requiert souvent, voire toujours, l’effectivité de cette application. C’est-à-dire que le calcul de la proportionnalité doit avoir lieu dans le moment présent et doit être continuellement renouvelé en fonction de l’évolution de l’état du patient. Ce qui n’était peut-être pas un traitement agressif hier peut le devenir aujourd’hui. Alors comment le déclarant prévoit-il dans les DAT de telles situations, qui déterminent quand on a ou non un traitement agressif, surtout quand elles évoluent continuellement ?

De plus, ce même instrument qu’est le DAT présente des fragilités intrinsèques : désuétude de la demande, difficulté d’interprétation, incompétence du déclarant dans des matières complexes, possibles conflits d’intérêts du mandataire, etc. Enfin, le TAD dans l’imaginaire collectif est compris, à juste titre, principalement comme un instrument d’euthanasie. Il semble donc peu opportun d’en cautionner la diffusion.

Le Texte de base traite ensuite de la relation entre la moralité et le droit, qui est traitée de manière très confuse. Le Texte de base indique d’abord trois solutions qu’il juge inacceptables. Imposer toute vertu par la loi. Le Texte de base exclut cette solution uniquement pour des raisons d’opportunité liées au juste principe de proportion : les dommages pourraient dépasser les bénéfices. Mais la raison principale, au-delà, réside dans le fait que la loi doit s’inspirer de la loi morale naturelle dans la mesure où elle sert à édifier et à protéger le bien commun. Ainsi, ce ne sont pas tous les comportements contraires à la morale naturelle qui doivent être interdits, mais seulement ceux qui sont fortement préjudiciables au bien commun. De même, tous les comportements conformes à la morale naturelle ne doivent pas être imposés, mais seulement ceux qui sont significativement utiles à l’édification et à la protection du bien commun.

La deuxième solution prévoit de ne pas réglementer certains comportements contraires à la morale naturelle, mais controversés sur le plan social. Ce refus, pour les rédacteurs du Texte de base, se fonde toujours sur le principe de proportionnalité déjà mis en évidence. La troisième solution consiste à légitimer des comportements immoraux. Le Texte fondamental rejette cette solution uniquement parce qu’elle déplairait à certains secteurs de la société et parce qu’elle soutiendrait le principe d’autonomie compris dans un sens absolu.

Alors, quelle solution le texte de base propose-t-il ? D’adoucir – c’est le verbe utilisé – la responsabilité civile et pénale de ceux qui pratiquent l’euthanasie. Cet assouplissement pénal et civil doit être le résultat d’une confrontation culturelle, politique et juridique. Le principe indiqué est correct en soi : il y a moins de responsabilité personnelle chez celui qui tue ses proches avec leur consentement parce qu’ils sont en phase terminale que chez le tueur qui tue sur commande. D’ailleurs, pour en revenir à l’Italie, notre code pénal prévoit déjà des peines moins lourdes pour le meurtre d’un adulte consentant et le suicide assisté que pour le meurtre.

Les circonstances peuvent affecter le degré de responsabilité personnelle, et une responsabilité moindre doit nécessairement avoir un impact sur le quantum de la peine. Le texte de base, cependant, ne rend pas explicites tous ces passages argumentatifs indiqués ici, et le lecteur peut donc mal interpréter les motivations qui sous-tendent les solutions qu’il propose. En fait, le sentiment qui se dégage de la lecture de ce passage est celui d’une sorte de justification des pratiques euthanasiques, qui ne sont finalement pas si graves. Il semblerait donc que le désir de pénaliser moins sévèrement les pratiques euthanasiques ne soit pas motivé au niveau de la responsabilité subjective, c’est-à-dire par le fait que le coupable ait pu être mû par des sentiments piétistes ou ait pu être accablé par des pressions psychologiques insoutenables, mais au niveau objectif, c’est-à-dire au niveau du comportement lui-même, jugé pas trop sévèrement. Mais au contraire l’euthanasie reste un meurtre et l’aide au suicide une collaboration formelle au suicide, deux conduites en soi très graves. Cette clarté de jugement, absolument nécessaire lorsqu’on traite de telles questions, fait défaut dans le Texte fondamental.

Le texte formule ensuite également quelques réflexions sur la nutrition et l’hydratation cliniquement assistées (CANH) :  » Certains pensent que si CANH devait être interrompu, la cause de la mort serait l’action du médecin qui interrompt le traitement et non la maladie elle-même avec son évolution  » (p. 411). Le Texte de base rejette cette interprétation car elle est réductrice : la maladie n’affecterait que cet organe ou ces organes particuliers et le traitement ne viserait qu’à rétablir le bon fonctionnement de cet organe ou de ces organes. Au lieu de cela, ce qu’il faut, c’est une approche holistique qui prend en compte « l’intégralité de la personne et son bien global » (Ib.).

Hormis les rares cas dans lesquels l’ACSN peut constituer un traitement agressif (incapacité du patient à assimiler les nutriments, déséquilibre grave du tableau clinique si le patient est hydraté et nourri, état cachectique, etc.), l’ACSN est toujours un traitement proportionné car la nutrition et l’hydratation remplissent leurs propres objectifs, à savoir nourrir et hydrater. Maintenir en vie même une personne gravement handicapée, comme une personne atteinte du syndrome de l’éveil sans réaction (c’est-à-dire l’état végétatif), est une action bonne et juste.

Cependant, entre les lignes du texte de base, on peut lire l’argument suivant, qui n’est prudemment pas explicité : maintenir en vie une personne atteinte, par exemple, du syndrome susmentionné, équivaut à un traitement agressif, car le CANH permettrait de la maintenir en vie, mais au détriment du bien-être de la  » personne entière « . Il s’agit là aussi d’une réflexion typique du front pro-euthanasie centré sur la qualité de vie versus la dignité de la personne : J’interromps le CANH de manière à provoquer la mort du patient qui ne souffrira plus ou ne connaîtra plus un état caractérisé par une très mauvaise qualité de vie. En d’autres termes, j’accomplis une action intrinsèquement mauvaise (le meurtre) pour une bonne fin (éliminer la douleur, retirer quelqu’un d’une condition dégradée). Mais il n’est jamais permis de faire le mal, même pour une bonne fin.


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