4 octobre 2023
Paix Liturgique partage cette chronique du docteur Philippe de Labriolle sur le Pape François, la synodalité, les persécutions exercées contre les évêques et clercs résistants, et ceux qui justifient l’injustifiable en affirmant toute honte bue que les clercs ou les laïcs qui rappellent au Pape la Tradition de l’Eglise seraient des schismatiques.
“Lorsque le cardinal Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, fait savoir médiatiquement que “Le Pape n’est pas autorisé par le Christ à harceler de bon évêques”, au nombre desquels il inclut Mgr Strickland, Mgr Schneider et probablement Mgr Rey, il n’est pas inutile de rappeler que ce soutien de poids ne fait que reprendre l’esprit et la lettre de “Lumen Gentium”, constitution dogmatique du Concile Vatican II.
L’Église catholique n’appartient pas au Pape argentin, contrairement au Congo belge qui fut, quelques décennies durant, la propriété personnelle du roi Léopold II, lequel céda à la Belgique ce territoire 76 fois plus volumineux que sa métropole. Qu’ un milliard trois cent quarante cinq millions de baptisés aient peu ou prou quelque attachement pour la Cité du Vatican étendue sur une petite cinquantaine d’hectares, est ce une explication plausible pour s’approprier, par l’ivresse du poste, quelque “non serviam” luciférien, avec une audace sans précédent sur le Trône de Pierre ?
L’évêque de Rome, successeur de Pierre, et, par devers lui, Vicaire du Christ, titre dévalué en “historique” en 2019, sera comptable devant le Juste Juge d’au moins une décennie d’un pouvoir appliqué à contredire la théologie morale du Magistère, et à dévaluer la lex orandi de l’Eglise militante, celle d’ici-bas.
Siquelque hybris l’a saisi de jouir à son idée des ressources humaines consacrées, pour œuvrer à périmer la lex credendi la plus constante, puisque reçue des apôtres, force est de constater que les Actes du Concile Vatican II n’apportent aucun adossement à cette politique personnelle de maltraitance ecclésiale, et notamment épiscopale.
Le chapitre 27 de Lumen Gentium expose que: “Les évêques comme vicaires et délégués du Christ gouvernent les Églises particulières qui leur sont confiées, par le conseil, la persuasion, l’exemple, mais aussi par l’autorité et le pouvoir sacré, dont ils ne se servent que pour édifier leur troupeau dans la vérité et la sainteté, se souvenant que le plus grand doit se faire comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert (Luc 22, 26-27). (…)
La charge pastorale, c’est à dire le soin quotidien et habituel de leurs brebis, leur est confié en plénitude, et il ne faut pas voir en eux les vicaires des Pontifes Romains car ils exercent un pouvoir qui leur est propre, et c’est en toute vérité qu’on les appelle les chefs du peuple qu’ils dirigent. Aussi leur pouvoir n’est il pas diminué par le pouvoir suprême et universel, mais au contraire est affirmé, fortifié, et défendu par lui“.
Simple partie d’un tout, cette citation déjà longue doit inciter les fidèles à lire les Actes qui font foi du contenu authentique d’un Concile que le Pape François invoque pour légitimer ses propres audaces. Comptant sur l’ignorance de ces verbatim, et/ou défiant quiconque de lui opposer le réel de textes d’importance versus la fiction de légitimation qu’il escompte, l’évêque de Rome fait tristement nombre avec les abuseurs qu’il dénonce fort à propos.
Le contempteur romain du cléricalisme a confisqué a son profit tout droit à la fonction institutionnelle du clerc, à la façon dont l’ancien évêque d’Alger, Mgr Duval, interdisait aux prêtres de son diocèse toute prise de position politique, se réservant personnellement de diffuser un fiel anti-français.
Lors de son discours aux prêtres, durant les JMJ de Lisbonne, l’été dernier, et la fameuse prescription paradoxale qui en était la substance, à savoir “prêtres, n’agissez pas en clercs”, le Pontife de Rome s’est trouvé dans l’incapacité d’offrir comme modèle à son auditoire une figure historique et sainte de prêtre qui fût conforme à ses voeux. Il s’est contenté de mentionner le théologien dominicain Yves Congar, lequel n’a jamais exercé aucun ministère pastoral, à l’exception de celui qui s’exerce au micro, sur l’estrade, pour un enseignement contesté par Pie XII, l’évêque de Rome en ce temps là.
En clair, une prescription paradoxale sans modèle pour quelque guidance, cela s’appelle une prescription toxique. A classer verticalement, d’urgence.
L’agressivité du Pape scandalise bien au delà des cénacles traditionalistes. La parole se libère très largement, notamment par compassion pour les victimes collatérales que sont les candidats au sacerdoce à Toulon, suspendus sine die, les familles de ceux ci, ou Mère Marie Ferréol, carbonisée socialement sans pitié; et bien d’autres encore. Trop, c’est trop !
Sous le règne du Pape-Soleil, Procuste mitré (tiare remisée) découpe tout ce qui dépasse les limites arbitraires de son bon plaisir. Le Ciel nous protège de ce “Pasteur” qui n’aime pas les ennemis de sa toute-puissance, car ceux ci constatent qu’elle n’est pas configurée au Christ, “doux et humble de cœur”, au demeurant Vrai Chef de l’Eglise. Pas de fraternité pour les ennemis de la Fraternité Universelle, toutes religions confondues, telle est l’axiologie de “Fratelli Tutti. A contrario, Vérité et Sainteté, tels sont les “mantras” du Salut des âmes, depuis vint siècles. Dans la tempête, Notre Seigneur veille. Le sensus fidei des fidèles doit primer sur l’obéissance naïve à des contresens qui offensent le Ciel.
De plus en plus, des voix roboratives sortent du bois. Deo Gratias. De quoi demain sera-t-il fait ? Aurons nous à subir les ukases d’un Ubu-pape? Ce qu’à Dieu ne plaise”.
Philippe de Labriolle