Les signatures du Pape et du Préfet pour la Doctrine de la Foi sur les réponses concernant l’admission des gays et des trans aux sacrements ne sont pas authentiques, mais mal scannées à partir d’une autre feuille de papier. Avec la nouvelle direction du Dicastère, un oubli en entraîne un autre.
16_11_2023
Les lecteurs se souviendront de la conduite ignoble de Don Dario Edoardo Viganò au printemps 2018, lorsqu’il n’a publié que partiellement la fameuse lettre que Benoît XVI avait écrite à l’occasion de la publication des onze volumes de la série sur la théologie par le pape François. Comme par hasard, le paragraphe manquant était précisément celui dans lequel le pape émérite s’était excusé de toute collaboration, déclarant, dans son propre style, qu’il n’avait pas eu assez de temps pour lire ces publications.
En fait, le paragraphe omis concernait toute la deuxième page de la lettre, tandis que les deux dernières lignes de la première – un nouveau paragraphe que Ratzinger commençait par « cependant, je ne pense pas pouvoir le commenter » – apparaissaient délibérément floues et illisibles. Le scandale qui en a résulté, et qui était totalement justifié, a conduit Viganò à présenter sa démission et le pape François à lui trouver une place, en créant le poste ad hoc de conseiller pour le dicastère de la communication.
Mais il ne s’agissait là que d’une manipulation mineure comparée à celle effectuée par un membre du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Le site croate Vjera i djela, dans un article de Snježana Majdansžić-Gladić, révèle un détail troublant, que les lecteurs peuvent facilement vérifier par eux-mêmes. La signature du pape et celle du cardinal Fernández lui-même ne sont pas authentiques sur le document de réponses à certaines questions de Mgr José Negri du 3 novembre dernier. « Il suffit de télécharger le PDF sur votre ordinateur et de cliquer sur la signature en bas, et vous verrez qu’il s’agit d’une image mal scannée, d’un simple copier-coller ajouté au texte écrit en Word, et non d’un document scanné que le Pape a réellement signé », explique Majdansžić-Gladić. Il semblerait donc que l’on puisse croire ce que l’on voit. De plus, il est possible de vérifier s’il s’agit bien d’un copier-coller d’un scan en agrandissant la signature : on remarque facilement que l’image collée est notablement floue.
Un « oubli » sensationnel de Fernández, qui, apparemment, non seulement écrit en toute autonomie ce qu’il veut, mais inaugure maintenant l’approche « do-it-yourself » des signatures du Pape. La raison pour laquelle il l’a fait, ou qui l’a fait en son nom, n’est pas claire et, poursuit le journaliste croate, « on ne sait pas encore si la signature du pape a été apposée sur quelque chose d’autre qu’il a approuvé ce jour-là, ou si la réponse a été complètement falsifiée, peut-être à l’insu du pape ».
Il ne fait aucun doute que le pape est d’accord en substance avec ce qu’a écrit M. Fernández, mais il s’agit, à tout le moins, d’une question d’exactitude, dont les implications juridiques sont indéniables. La falsification d’une signature sur un document public est-elle également un délit au Vatican ? Ce document, entre autres, perd également sa valeur officielle, étant donné que, comme nous l’avons déjà écrit, son contenu est plus que douteux.
Fernández est-il un apprenti faussaire ? Que, non content de trafiquer les textes cités dans les documents qu’il a rédigés, d’en altérer le sens et d’en couper les paragraphes (voir ici et ici), il s’est maintenant mis à falsifier des signatures ? Quoi qu’il en soit, il reste un apprenti, car les diverses manipulations ne sont pas si subtiles qu’elles passent inaperçues.
Est-ce trop demander que d’exiger une clarification officielle sur le sujet ? Plusieurs questions attendent une réponse adéquate et publique : de quel autre document du 31 octobre 2023 la signature du pape et de Fernández a-t-elle été scannée ? S’agit-il d’une autre version des réponses à Mgr Negri ou d’un document complètement différent ? Pour quelle raison cette opération a-t-elle été effectuée ? Qui l’a ordonnée et qui était au courant ?
Étant donné la facilité de falsification dans les cercles du Dicastère à partir du 1er juillet, pourquoi ne pas déclassifier la Note du 21 décembre 2018, que le Préfet a rappelée en ouverture du document précité comme preuve de la continuité de cette prise de position avec ce que la CDF aurait déclaré dans le passé ? Et pourquoi ne pas publier également la copie originale des questions de l’évêque de Santo Amaro, comme cela s’est produit pour les dubia des cinq cardinaux ?
Mais les points à éclaircir ne s’arrêtent pas là. Depuis que « Tucho » (surnom utilisé par les amis de Fernández) a été placé à la tête du DDF, les documents transcrits et traduits en différentes langues n’apparaissent jamais sur le site web du Dicastère, comme c’était le cas dans le passé, mais seulement les versions PDF des fichiers Word antérieurs. Pour quelle raison ? Ils réduisent le personnel ?
Majdansžić-Gladić souligne également que « à partir du 1er juillet 2023, les documents du Dicastère ne portent plus les armoiries officielles, en outre il n’y a pas d’en-tête, ni de numéro d’ordre, ni d’autres références officielles habituelles, il s’agit plutôt de textes réguliers qui ne diffèrent pas de n’importe quelle autre lettre privée, à l’exception de la signature finale du Pape et du Préfet ». Et depuis le début de la gestion de Fernández, comme nous avons déjà eu l’occasion de le souligner, d’autres caractéristiques ont également disparu.
DICASTÈRE POUR LA DÉMOLITION DE LA FOI
Le cardinal Fernandez renverse l’enseignement de l’Église sur le baptême des homosexuels et des transgenres
Quelle est la procédure à suivre si la personne à baptiser ou si le parrain ou la marraine est homosexuel ou trans ? Entre amnésies et acrobaties, le cardinal préfet s’appuie aussi sur les saints pour étayer son programme.
Ecclesia 11_11_2023
En substance, les réponses (téléchargeables ici) du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi à certaines questions posées le 14 juillet dernier par l’évêque de Santo Amaro (Brésil), Monseigneur José Negri, est une nouvelle preuve de sa volonté de suivre sa propre voie, qui ne coïncide notamment pas avec celle de l’Eglise catholique. En principe, pour le cardinal Fernández, et avec l’approbation du pape, il n’y aurait aucun problème à baptiser des personnes transgenres ou des homosexuels cohabitants, ni à leur permettre d’être parrains ou témoins de mariage. La seule précaution à prendre serait de ne pas « générer de scandale public ou de désorientation chez les fidèles ».
La réponse, signée par le Pape le 31 octobre 2023, écrite en noir sur des feuilles blanches sans en-tête (à quand le papier buvard recyclé ?) et sans citer le texte de Mgr Negri, biffe les réponses les plus évidentes que l’on devrait donner si l’on tenait compte de la doctrine de l’Église et du droit canonique. A savoir que le Baptême ne peut être conféré à un adulte que s’il est dûment disposé à la profession de foi et à la vie morale. C’est ce qu’on appelle le « catéchuménat », qui n’est pas une formation sanctionnée par un diplôme si les deux tiers des cours sont suivis, mais un parcours sérieux dans lequel la personne est accompagnée afin qu’elle puisse acquérir les dispositions nécessaires pour coopérer à la grâce qu’elle doit recevoir. Il est donc évident que là où il n’y a pas de volonté de rompre avec une vie de péché, le baptême doit être reporté.
L’autre question concerne le rôle du parrain ou de la marraine. Le canon 874 – §1 explique clairement les conditions qu’il doit remplir : « être catholique, avoir déjà reçu la confirmation et le très saint sacrement de l’Eucharistie, et mener une vie conforme à la foi et à la charge qu’il assume ». Il n’y a pas lieu de faire d’autres commentaires. Le témoin de mariage, en revanche, est une autre affaire : il peut même ne pas être catholique : son devoir est en fait simplement de témoigner de l’échange des vœux de mariage entre les mariés.
Il y a ensuite la réponse ambiguë à la quatrième question. Mgr Negri demande si « deux personnes homosexuelles peuvent être considérées comme les parents d’un enfant, qui doit être baptisé, et dans le cas où il a été adopté ou obtenu par d’autres méthodes telles que la maternité de substitution ». La réponse semble passer à côté de l’essentiel : « Pour que l’enfant soit baptisé, il faut qu’il y ait un espoir fondé qu’il soit élevé dans la religion catholique ». Or, la question n’est pas de savoir si l’enfant confié à deux personnes homosexuelles cohabitantes peut être baptisé ou non, mais si ceux qui ne sont pas parents peuvent figurer en tant que tels. La réponse ne peut être que négative, car la réalité est la réalité : seul un parent effectif peut compter comme parent ; or il est évident qu’au moins l’un des deux, sinon les deux, ne sont pas parents de l’enfant qu’ils demandent à baptiser.
La dernière réponse du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi soulève plus d’un doute quant à son honnêteté intellectuelle. En effet, il y a dans cette réponse un filigrane qui montre clairement pourquoi les évêques devraient se lever et exiger la révocation immédiate de Fernández pour insuffisance manifeste dans l’exercice de la fonction de préfet du DDF : il n’y a pas une seule des citations extra Franciscum qui n’ait été tordue dans son contenu et pliée pour soutenir une thèse erronée préconstituée.
Tout d’abord, la réponse s’ouvre comme suit : « Les réponses suivantes reprennent en substance le contenu fondamental de ce qui a déjà été affirmé dans le passé sur ce sujet par ce Dicastère ». On s’attendrait à une référence aux notes, réponses, notifications, normes, lettres ou instructions de la Congrégation sur le sujet. Mais au lieu de cela ? Au lieu de cela, Fernández se réfère à une Note confidentielle sur certaines questions canoniques relatives au transsexualisme datée du 21 décembre 2018, sub secreto pontificio. Il s’agit donc d’une note confidentielle dont on ne connaît pas le contenu et avec laquelle Fernández se dit « substantiellement » d’accord, mais sans prendre la peine de la citer. C’est censé être la preuve d’une continuité présumée.
Mais ensuite de garder le silence sur une réponse, cette fois publique, que la CDF elle-même a donnée en 2015, introuvable sur son site web, mais citée dans un communiqué du 1er septembre 2015 de l’évêque de Cadix et Ceuta, Mgr Rafael Zornoza Boy, heureusement rappelé à la mémoire par LifeSiteNews. L’évêque exposait le cas d’une femme transgenre qui demandait à être le « parrain » de son petit-fils. La CDF avait donné une réponse diamétralement opposée à celle de Fernández : « Sur ce point, je vous informe de l’impossibilité d’être admis. Le même comportement transsexuel révèle publiquement une attitude opposée à l’exigence morale de résoudre son problème d’identité sexuelle selon la vérité de son sexe. Il est donc évident que cette personne n’a pas l’exigence de mener une vie conforme à la foi et à la fonction de parrain (CIC, can 874 §1.3), ne pouvant donc pas être admise à la fonction de parrain ».
Revenons à la note confidentielle. Selon nos sources, elle traite en fait de la possibilité pour un enfant ayant des « parents » de même sexe de recevoir le baptême. Et elle se référait à des principes évidents, à savoir la nécessité de vérifier qu’il y a « la garantie qu’une fois baptisé, l’enfant recevra l’éducation catholique requise par le sacrement » et « l’espérance fondée que le baptême portera du fruit », comme l’explique l’Instruction de 1980 sur le baptême des enfants, au n° 30. Les mêmes critères se retrouvent dans la Responsio du 13 juillet 1970 du cardinal Franjo Seper (cf. Notitiæ, février 1971 (61), pp. 64-73). Autres textes de la CDF oubliés par Tucho.
Les amnésies de Tucho ne s’arrêtent pas là. Pour soutenir que le Baptême peut être reçu même s’il n’y a pas de repentir des péchés, il prend comme prétexte la Summa Theologiæ (III, q. 69, a. 9), ce qui est tout à fait déplacé ; dans cet article, saint Thomas ne demande en effet pas si le baptême peut être administré à un pécheur impénitent, mais seulement si le simulacre (manque de foi, mépris du sacrement, mépris du rite, manque de dévotion, c’est-à-dire de détachement du péché) empêche le baptême de prendre effet. Au lieu de cela, le Préfet oublie de citer le seul texte pertinent, l’Art. 4 de Quæstio 68, dans lequel Thomas explique que si l’on entend par pécheur quelqu’un qui a « la volonté de pécher » et « l’intention de persister dans le péché (…) le sacrement du Baptême ne doit pas être conféré ». Thomas a également souligné qu' »une personne ne devrait jamais être disposée à la grâce par l’impression des caractères baptismaux tant qu’elle manifeste la volonté de pécher » (ad. 3).
Mais saint Thomas n’est pas le seul à avoir été dénaturé. Saint Augustin a également subi le même sort. Le texte cité (Discours aux fidèles de l’Église de Césarée, 2, voir ici) affirme simplement que le caractère imprimé par le baptême reste celui de la Sainte Trinité, même si ceux qui l’ont reçu adhèrent au schisme donatiste. Il ne prétend en aucun cas que le Baptême devrait être conféré à ceux qui ne souhaitent pas suivre l’enseignement du Christ et de l’Église.
La dernière violence flagrante et éclatante est faite à l’un des enseignements de St Jean Paul II. Tucho extrait six mots d’une lettre du 22 mars 1996, adressée au cardinal William Baum et aux participants au cours annuel sur le forum interne organisé par la Pénitencerie apostolique. Selon Fernández, dans cette lettre, le Pape exhorte à accepter un « but d’amendement » même s’il « n’apparaît pas de manière pleinement manifeste chez le pénitent ». Or, le texte dit exactement le contraire : il exige une « intention sérieuse de ne plus commettre [de péchés] à l’avenir », sans laquelle « en réalité il n’y aurait pas de repentir » ; il parle d’une « intention solide et généreuse d’amendement » ; et c’est seulement ensuite qu’il précise que « dans la fidélité de l’intention de ne plus pécher » peut néanmoins émerger « la crainte de nouvelles chutes », qui, toutefois, « ne porte pas préjudice à l’authenticité de l’intention, lorsque cette crainte est unie à la volonté, soutenue par la prière, de faire ce qui est possible pour éviter le péché ». Exactement le contraire de ce que soutient Fernández.
Il n’hésite pas à sortir des textes de leur contexte et à les utiliser pour renverser la doctrine catholique. C’est une honte.