Je pense que ceux qui veulent faire remonter le mal de l’Église à la pénétration de la pensée moderniste pendant la période postconciliaire sont entièrement hors sujet, nous devons aussi nous interroger sérieusement sur l’identité de la personne de Jorge Mario Bergoglio et sur la manière dont il conçoit sa relation avec Dieu.
L’AGIR SUIT L’ÊTRE
Je crois qu’aujourd’hui personne ne peut ignorer le motif des souffrances qui affectent l’Église depuis plus d’une décennie – nier la responsabilité de Jorge Mario Bergoglio à cet égard, c’est faire preuve d’aveuglement ou de dissimulation.
Il est triste de devoir exprimer un jugement aussi péremptoire sur celui qui occupe la chaire d’évêque de Rome, mais il n’est pas possible de rester inerte face à l’œuvre continue de démolition de la vie de foi par l’ex-archevêque de Buenos Aires.
Au cours de ces 11 années de « pontificat », les attaques contre la doctrine, la liturgie et la morale ont été systématiques et ont conduit à une perte généralisée de la foi que nous pouvons maintenant constater dans tous les domaines du tissu ecclésial : dans les diocèses, les paroisses et les communautés religieuses.
Bergoglio a abondamment démontré qu’il n’avait pas la grâce d’état nécessaire pour gouverner l’Église. Son pontificat a été dévastateur.
Je pense que ceux qui veulent faire remonter le mal de l’Église à la pénétration de la pensée moderniste pendant la période postconciliaire entièrement hors sujet, nous devons aussi nous interroger sérieusement sur l’identité de la personne de Jorge Mario Bergoglio et sur la manière dont il conçoit sa relation avec Dieu.
Je ne veux pas m’aventurer dans des investigations d’ordre psychologique ou moral, mais simplement mettre en lumière le sens de certains choix qui révèlent les convictions profondes de l’homme « venu du bout du monde ».
Si le célèbre axiome de la philosophie scolastique selon lequel l’agir suit l’être (« agere sequitur esse ») – c’est-à-dire que l’action (ce que nous faisons) est la conséquence de l’être, de ce que nous sommes – est vrai, alors nous pouvons affirmer que les actions de Bergoglio ne sont pas seulement incompatibles avec le mandat pétrinien, mais pas même avec la vocation chrétienne elle-même (Eph 1).
Il me semble évident que Bergoglio ne perçoit pas dans son ministère d’évêque de Rome une réelle continuité avec ses Prédécesseurs, puisque les expressions « Successeur de Pierre » ou « Vicaire du Christ » sont désormais reléguées dans l’Annuaire pontifical comme de simples « titres historiques », c’est-à-dire comme des héritages obsolètes d’une époque historiquement révolue.
En fait, la décision d’abandonner ces titres est significative parce qu’ils expriment le caractère ontologique du ministère de l’évêque de Rome en tant que successeur de Pierre, l’Apôtre sur lequel le Christ a voulu fonder son Église (Mt 16, 18), à qui il a remis le pouvoir des clés (Mt 16, 19) et à qui le Christ a confié la tâche de confirmer ses frères dans la foi (Lc 22, 32).
Il ne s’agit pas d’un simple changement de perspective, mais d’un véritable acte révolutionnaire. Ceux qui suivent de près la vie de l’Église doivent admettre que Bergoglio a utilisé et utilise le mandat qui lui a été confié par le Conclave, non pas dans l’intention de servir l’Église dans la ligne de la Tradition apostolique, mais pour la « mettre à jour » [aggiornare] selon les critères et les attentes des grandes élites financières mondialistes.
Il était évident qu’après les grands pontificats incisifs de Jean-Paul II et de Benoît XVI, l’Église ne pouvait pas continuer à remplir impertubablement sa mission apostolique. Elle aussi devait être visée par le gouvernement totalitaire des élites pour être « rééduquée » au même titre que toutes les grandes institutions du monde occidental (Union européenne, parlements, universités, médias…).
Le mandat a évidemment été assumé avec enthousiasme par Jorge Mario Bergoglio, le pape qui a reçu en audience le plus grand nombre de banquiers et de spéculateurs, au point de mériter le titre de « Guide moral des Rothschild », la célèbre famille de banquiers qui a pris en otage l’économie de communautés nationales entières pendant des siècles.
Un coup décisif ?
Fidèle à cette tâche, Bergoglio s’apprête maintenant à porter un coup décisif qui dévastera profondément la nature même de l’Église catholique.
Il s’agit d’une opération d’une gravité sans précédent puisqu’il prétend précisément changer définitivement les connotations de l’Église, connotations voulues et établies par son divin Fondateur lui-même.
Quel est le projet de Bergoglio ? Et quelle nouvelle physionomie entend-il donner à la structure ecclésiale ?
Ceux qui connaissent l’histoire et la théologie de l’Église n’auront certainement pas besoin de faire de grands efforts spéculatifs : il s’agit simplement d’imposer à l’Église une version actualisée de la Réforme protestante.
Il est évident que la nouvelle approche sert le système car moins la structure ecclésiale est compacte, plus elle sera malléable aux influences du grand projet mondialiste (cf. Agenda 2030 – Forum économique mondial…).
Le fait que l’Église catholique ne soit pas passée par la réforme de Luther, Zwingli et Calvin, est pour Bergoglio et ses acolytes modernistes – malades d’historicisme – un indice de retard culturel et spirituel. Il est donc nécessaire de faire une mise à jour !
L’ensemble du pontificat de Bergoglio s’est résolument orienté dans cette direction dès ses débuts, comme l’a candidement admis l’ex-prêtre Vito Mancuso : Bergoglio « frappe quotidiennement la structure traditionnelle de l’Église, il frappe les piliers de la tradition et la structure de sa fonction » (extrait de Il Fatto Quotidiano).
Attaque contre le dogme pétrinien
Ce sera surtout le synode d’octobre au Vatican qui démolira l’autorité pétrinienne pour favoriser l’émergence de nouvelles formes de gouvernement décentralisé à caractère local non prévues par le droit canonique et la tradition apostolique.
Je rappelle que, pour l’Église catholique, les seuls pasteurs légitimes établis par la loi divine sont le pape et les évêques (avec les presbytres et les diacres). Les évêques peuvent agir légitimement lorsqu’ils sont en communion avec le Pontife romain. Les conciles ou synodes à caractère universel, national ou provincial ne peuvent se placer de manière indépendante devant l’autorité du successeur de Pierre. Ce n’est qu’avec l’approbation du Pape que les documents qu’ils produisent peuvent être promulgués comme de véritables actes magistériels.
Attaque contre le Sacrement de l’Ordre
Mais il y a une autre raison de considérer avec inquiétude la deuxième phase du « synode » bergoglien (le mot doit être strictement mis entre guillemets car ce n’est qu’improprement qu’il peut être défini comme un synode catholique). En effet, sont convoqués à cette assemblée des fidèles laïcs qui, bien que privés des munus docendi, gubernandi et sanctificandi, pourront s’exprimer en votant de manière délibérative au même titre que les successeurs des Apôtres, c’est-à-dire les évêques.
Nous nous trouvons face à une situation théologiquement absurde car le gouvernement de l’Église implique nécessairement le charisme de l’Ordre : c’est-à-dire que la personne appelée à paître le Peuple de Dieu doit hériter sacramentellement du Mystère du Christ, Tête du Corps Mystique (Lumen Gentium).
On pourrait objecter que Bergoglio approuvera de toute façon de sa propre autorité les documents et les décisions du synode fantomatique… mais une telle approbation ne pourra pas être cohérente avec le contenu du dépôt de la foi dont, paradoxalement, il devrait être le gardien suprême.
L’attitude de Jorge Mario Bergoglio est donc pour le moins troublante : aucun pape n’a émis de documents magistériels avec l’intention de révolutionner le dépôt de la foi et de porter atteinte à la nature de l’Église. Même les antipapes ou les papes les plus corrompus de certaines tristes époques historiques n’ont jamais eu la prétention d’aller aussi loin !
Il est évident que la participation des laïcs au synode bergoglien avec un vote délibératif va dans le sens indiqué par Luther : souligner le sacerdoce baptismal des fidèles pour rendre anachronique le sacerdoce ministériel (les ordres sacrés).
Que l’ex-archevêque de Buenos Aires n’ait pas une idée bien claire de l’identité et du rôle du ministre ordonné , on l’a compris dès le début de son « pontificat », lors de sa visite à l’Église luthérienne de Rome. À cette occasion, Bergoglio s’est montré très ambigu quant à la possibilité d’une intercommunion entre catholiques et luthériens.
Quelqu’un aurait pu lui rappeler que sans ministre ordonné, il n’est pas possible de célébrer une eucharistie valide. Le pasteur protestant, en effet, n’est pas un prêtre mais un simple fidèle laïc délégué par la Communauté.
Attaque contre la divine Eucharistie
Aurait-il été excessif de rappeler à l’Argentin que la Cène protestante n’est pas le Sacrifice eucharistique et qu’il n’y a pas en elle de présence réelle capable de transformer la substance du pain et du vin en la réalité du Corps et du Sang du Christ ? La Cène ne peut être comprise que comme une présence de Grâce qui peut être reçue par ceux qui s’en approchent avec les dispositions appropriées.
En définitive, la véritable finalité de la révolution bergoglienne ne peut être que celle-ci : disperser la foi et la piété du peuple de Dieu à l’égard du Mystère eucharistique. L’Eucharistie est en effet le Christ lui-même sous les espèces du pain et du vin.
Si quelqu’un a encore des doutes sur les intentions réelles de Bergoglio, il n’a qu’à considérer le témoignage de Mgr Dorylas Moreau. Tiré du portail canadien francophone Radio-Canada.ca, l’évêque de Rouyn-Noranda « rapporte en ces termes la réponse que lui a faite le pape François à une préoccupation qu’il avait concernant le manque de prêtres dans les petites communautés :
“Écoutez, vous oubliez deux choses : l’avenir de l’Église se joue davantage autour de la parole de Dieu qu’autour de l’eucharistie”.
Pour la parole de Dieu, poursuit l’archevêque en citant la pensée du pape, « il n’y a pas nécessairement besoin de prêtres pour l’exprimer et la mettre en œuvre dans nos milieux ».
Les « boulets » de Bergoglio vont donc droit au cœur de l’Église puisqu’elle existe, vit et se développe grâce à l’Eucharistie. L’Eucharistie, enseigne le Concile œcuménique Vatican II, est « la source et le sommet de la vie de l’Église » . C’est précisément à travers l’Eucharistie que le Christ peut prolonger son incarnation dans le monde et dans le temps. L’Église, dans son identité profonde, n’est donc autre que le Christ lui-même répandu et communiqué (Bossuet), c’est-à-dire qu’elle est son Corps mystique ! (cf. Col 1,24 – 1 Cor 12).
N’ayant pas d’eucharistie valide, les frères protestants ne peuvent pas vraiment être considérés comme une « Église ». Ce sont simplement des communautés ou des congrégations chrétiennes avec lesquelles nous ne partageons que la grâce du baptême.
Donner la prééminence à l’Écriture Sainte au détriment du Sacrement (en allant paradoxalement à l’encontre de la Parole de Dieu elle-même :
« Chaque jour, ils montaient tous ensemble au Temple et rompaient le pain dans leurs maisons » .Actes 2,46
C’est nier la réalité surnaturelle de l’Église, et la réduire à un lieu didactique, à une simple société humaine comprise et réglée dans le cadre de catégories morales, anthropologiques ou sociologiques.
La fausse Église
Le modèle d’Église que Bergoglio a en tête n’est peut-être pas très éloigné de celui d’une loge maçonnique : une « Église » d’élite, éclairée et progressiste, entièrement dédiée à des activités philanthropiques.
Il est frappant de constater que, dans le passé, les saints et les mystiques ont prophétisé avec une certaine précision la lutte eschatologique de l’époque que nous vivons. À cet égard, par exemple, la mystique allemande Catherine Emmerich raconte dans ses visions bien connues :
« J’ai vu une église étrange se construire contre toute règle… Aucun ange ne surveillait les opérations de construction. Il n’y avait rien dans cette église qui vienne d’en haut… C’est probablement une église de création humaine, suivant la dernière mode, comme la nouvelle église hétérodoxe de Rome, qui semble être du même type… ». (12 septembre 1820)
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« J’ai revu l’étrange grande église que l’on construisait là-bas [à Rome]. Il n’y avait rien de saint là-dedans… Tout était fait selon la raison humaine… »
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« Il y avait là quelque chose d’orgueilleux, de présomptueux et de violent, et ils semblaient avoir beaucoup de succès… » (12 septembre 1820)
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« J’ai vu que de nombreux pasteurs s’étaient engagés dans des idées dangereuses pour l’Église. Ils construisaient une grande Église, étrange et extravagante. Tous devaient y être admis pour être unis et avoir des droits égaux : évangéliques, catholiques et sectes de toutes dénominations. Telle devait être la nouvelle Église… Mais Dieu avait d’autres projets ». (22 avril 1823)
Il est donc déconcertant de constater que la majorité des prêtres et des fidèles ne voient pas les graves provocations de Jorge Mario Bergoglio. On pourrait presque dire qu’une force préternaturelle les empêche de comprendre et de réagir : c’est comme si les anticorps de leur vie de foi avaient cessé de fonctionner !
Extrêmement irresponsable et coupable est également l’attitude de nombreux évêques qui n’ont pas su s’opposer au récit bergoglien : ceux-là mêmes qui ont été placés par l’Esprit Saint pour paître le Peuple de Dieu (Actes 20:28), ont en fait ouvert la porte aux loups errants et, devant le triste spectacle de la dévastation du troupeau, ils restent inertes ou même observent avec complaisance. Quel sera leur sort lorsqu’ils seront examinés par le Pasteur suprême du troupeau ?
Bergoglio et l’Iscariote
Nous savons par le rédacteur en chef de L’Osservatore Romano que Bergoglio a accroché dans son bureau privé une photo d’une sculpture de l’église de Vézelay. La sculpture représente le suicide de Judas Iscariote et du Christ Bon Pasteur. La juxtaposition des deux figures a servi à Bergoglio pour parler de la miséricorde de Dieu. Il s’agit évidemment d’une miséricorde totale où le rôle de la justice divine n’est absolument pas envisagé (après tout, Luther n’enseignait-il pas « pecca fortiter sed crede fortius » – « pécher avec force, et croire encore plus fort » ?)
L’exaltation de l’Iscariote n’est plus surprenante car désormais, dans le narratif de l‘ecclésiologiquement correct, Judas aurait été sauvé. Peu importe que cette conviction se heurte aux paroles très peu flatteuses de Jésus à l’égard du traître et surtout au mystère insondable du libre arbitre qui peut refuser la communion avec Dieu… et combien aujourd’hui, sur le plan pratique et théorique, la refusent !
C’est pourquoi je considère utile pour notre vie de foi de méditer constamment sur le destin de certains personnages qui ont marqué l’histoire du salut dans le mal et dont la vie a été totalement possédée par le Mysterium iniquitatis.
Le premier est certainement Satan qui, par sa rébellion, a introduit le mal, la souffrance et la mort dans la création (le serpent était déjà présent dans l’Eden d’Adam) ; le deuxième est ensuite Judas Iscariote qui a livré le Fils de Dieu à la mort sur une croix.
Enfin, la troisième figure sera certainement celle qui livrera l’Église aux mains de ses ennemis.
La souffrance de l’Eglise précède la parousie [Second avènement du Christ, ndt]
Cela semble en effet inéluctable. Si l’Église est le Corps mystique du Christ, et qu’elle ne peut avoir d’autre existence que la vie de son Époux mystique : de même que le Christ a été livré aux mains de ses ennemis, de même l’Église subira nécessairement le même sort.
Cependant, si nous partageons aujourd’hui les souffrances du Corps mystique, nous partagerons bientôt aussi le mystère de sa résurrection et de son exaltation.
La lutte a atteint son point culminant et, dans le champ de l’Église, le bon grain est sur le point d’être séparé de l’ivraie.
À l’horizon se profile déjà l’effondrement des potentats de ce monde qui se sont enrichis en spéculant sur la peau des peuples et qui ont profané les institutions du Siège apostolique.
Le Seigneur, juste juge, rendra bientôt à chacun ce qui lui appartient.
Mais qu’adviendra-t-il de celui pour qui le martyre de l’Épouse du Christ se consomme aujourd’hui ? Ne pourrions-nous pas partager les dures paroles de l’Évangile : « Il vaudrait mieux pour cet homme qu’il ne soit jamais né » (Mt 26, 24) ?
Fabio Vessillifero