La notion de « Magistère » entre autocratie et pseudo-synodalité
10 décembre 2024, Translation de la Sainte Maison de Lorette
Une « Note d’accompagnement du Document final de la XVIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques du Pape François » a été publiée Le 25 novembre 2024. Elle manifeste de facto la volonté d’imposer les conclusions du Synode en recourant jusqu’à la notion de « Magistère ordinaire du Successeur de Pierre » et en incluant même des références normatives au Catéchisme. On observe un mécanisme bien connu des fidèles de la Tradition : d’une part on suggère de manière implicite qu’il serait un devoir d’obéir au « Magistère de Pierre » et d’autre part on ne manque pas d’utiliser la rhétorique démocratico-synodale selon laquelle la vérité serait un consensus mûri en recueillant « les fruits d’un chemin marqué par l’écoute du Peuple de Dieu » dans lequel » toute l’Eglise a été appelée à lire son expérience et à identifier les pas à accomplir pour vivre la communion, réaliser la participation« . Un peu de rhétorique moderniste sur le peuple en marche qui prend (auto)conscience de lui-même et s’(auto)fabrique la vérité chemin faisant, dans une confrontation horizontale sans autorité, et un peu de « salutaire autoritarisme jacobin », où l’on ne fait qu’obéir et c’est tout. « Autoritarisme jacobin », nous avons dit, et non exercice légitime du Pouvoir des Clefs, non pas par irrévérence, mais pour une raison fondamentale : l’objet. Alors que les autocrates révolutionnaires imposaient une notion d’obéissance fondée sur leur propre autorité, l’Église romaine exigeait une juste soumission aux vérités de foi (l’objet à croire) révélées par Dieu et dont les autorités n’étaient que les gardiennes. Ainsi, imposer autoritairement ce qui n’est pas une vérité de foi, mais plutôt des affirmations politiquement correctes, en s’appuyant sur une notion floue de vérité du « peuple en marche » – ou plutôt de ses interprètes autorisés – et à une notion encore plus vague de Magistère, sans justifier nullement le lien de certaines nouveautés avec la Révélation divine, est une opération pour le moins incorrecte.
Ceux qui ont conservé un mode de raisonnement logique ne manqueront pas de remarquer qu’en fin de compte dans la Note, on lit presque qu’avec l’autorité magistérielle on en train de définir…qu’il n’y a pas de vérité stable à croire…mais qu’il serait un devoir que tous obéissent. Rappelons que pour le moderniste, la contradiction n’a jamais été un problème, surtout si l’autoritarisme vient à son secours… C’est un fait que le site Internet du diocèse de Turin déjà le 26 octobre dernier titrait sèchement: « Le document final du Synode a valeur de Magistère« .
Une méthode très « sud-américaine » et fort peu « catholique romaine », qui trouble déjà certaines consciences peu formées qui se trouvent dans un dilemme, craignant que critiquer à juste titre le document synodal ne soit une forme de « désobéissance au Magistère ». Au-delà de l’hypocrisie de certains procédés, il convient de rappeler que le document lui-même – quoique de manière alternée et ambiguë – s’est limité à la notion d' »enseignement authentique ». Sur ce point nous rappelons ce que Mgr. Gherardini avait écrit dans cette revue, mutatis mutandis, concernant la « valeur magistérielle du Concile Vatican II », à savoir que le « magistère authentique » (ou « enseignement authentique ») n’implique pas nécessairement l’infaillibilité, qu’il émane du Pontife romain, du Concile uni à lui, ou d’un Synode d’évêques approuvé par le Pape. Un tel enseignement, au cas où s’il s’agirait d’un enseignement, peut raisonnablement être critiqué et on peut même en demander le retrait, s’il y a des raisons fondées et s’il apparaît en contradiction avec l’enseignement constant de l’Église ou même avec la loi naturelle, comme dans le cas scandaleux de Fiducia Supplicans.
Au sujet de la notion de « Magistère », « Magistère authentique » et sa possible faillibilité nous invitons à relire nos articles:
- Mgr Gherardini sur l’importance et les limites du Magistère authentique
- Quelle valeur magistérielle pour le Concile Vatican II?
Enfin, nous constatons que même dans ce Synode les résistances n’ont pas manqué, signe de l’indéfectibilité de l’Église.
La Rédaction